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Que sont les warungs et pourquoi vous devez manger là-bas

L’humidité.

L’humidité, indubitablement.

La sueur vous coule le long du cou, petite rivière en crue qui nait derrière l’oreille et qui vient mouiller le bas de votre dos, coller le tissu à la peau. L’image vous rebute.

Le ventilateur paresseux accroché au plafond vous renvoie une brise, si on peut appeler ça comme ça.

Vos cuisses, vos pauvres cuisses bien gluées à la trop petite chaise de plastique, qui peine à accueillir convenablement votre stature.

Le verre de la bouteille de bière suinte allégrement, la condensation perlante si rafraîchissante sous vos doigts. Une gorgée de ce liquide ambrée, déjà tiède, alors qu’on vient de le déposer devant vous.

S’entremêlent odeurs douceâtres de charbon, de feu, de bois, de graisse animale, de poussière, d’égouts fluviaux, de sang, de sucre. Entre autres.

À quelques mètres, les relents d’essence émanant des motocyclettes pétaradantes vous étourdis. La cacophonie de la scie sauteuse et des klaxons encourage votre mal de bloc.

Arrive une assiette d’où s’exhalent une fumée épicée, vaporeuse.

Terima kasih banyak.

Sama-sama !

Sourire bienveillant, sourire d’une maman.

Vous levez les yeux en direction du comptoir de viandes restées au soleil toute la journée.

Derrière vous, dans le même commerce, on vend des chips et confiseries en tout genre, du shampoing, des sandales, des sachets d’herbes concentrés pour les maux de ventres et du café.

Des enfants jouent derrière le bureau servant de caisse, vous envoyant des regards rieurs. Une dame, la même qui s’affaire aux fourneaux, les surveille d’un œil distrait.

Un chien aboie au loin, puis deux, puis trois. À vos pieds, un chat roupille dans un rayon de soleil. Un autre, chétif, miaule pour attirer votre attention : il a faim.

Vous aussi.

Une bouchée, et PAF.

Ici, les majuscules s’imposent.

La chaleur engourdie votre langue néophyte au sambal.

La moutarde vous monte au nez.

Les larmes feignent de s’échapper, et réussissent.

Ça goûte les piments forts, le bonheur, l’amour, la culture, tout.

Aucun doute possible: vous êtes dans un warung.

Hubs culturels

En Indonésie, tout le monde mange dans les warungs : groupe d’ados blasés, adorables petites familles, touristes affamés et travailleurs pressés.

Ce sont de modestes restaurants familiaux ou, pour quelques dollars, on peut savourer un délicieux plat, préparé par des gens qui ont du cœur au ventre.

Je l’avoue, je suis généreuse dans mon appellation lorsque je dis restaurant. Les warungs sont parfois de simples kioskes, parfois des hybrides dépanneur-comptoir, ou parfois des endroits assez de chaises et tables pour accueillir 10 personnes tout au plus.

Et la nourriture ? Oh, la nourriture !

Ça brûle. C’est une explosion de textures inconnues. Et ça goûte la bonne bouffe fait maison.

La street food dans sa forme la plus pure.

L’Indonésie, la vraie

Si jamais vous vous retrouvez en Indonésie, ne partez pas en peur : laissez-vous convaincre par ces établissements.

L’Asie au grand complet bat au rythme de la bouffe de rue, des marchés nocturnes et des petits plats partagés à même un trottoir.

C’est vivant, le tout dans environnement sonore désarmant… mais c’est vrai.

Armez-vous d’une bonne dose d’humilité, d’une application de traduction pour déchiffrer le menu (s’il y en a un) et savourez le meilleur es jeruk du monde,un gado-gado frais etpiquant à souhait, ou encore un nasi campur choix du chef.

La nourriture indonésienne mérite à être connue et appréciée à sa juste valeur. Et ce n’est certainement pas dans les restos classiques que ça se passe.

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