Comment nous avons presque raté notre première journée en Nouvelle-Zélande
Après près de 24h en transit, on atterrit enfin à Auckland. Complètement lessivés, les yeux un peu collés et la face encore un peu poquée de notre 4h de sommeil*.
Qu’importe : on est là, sur la terre ferme, et nous avons retrouvé une liberté de mouvement ! Le bonheur, quoi.
Une fois arrivés à notre auberge pour la nuit, on décide d’être sage. Le camping commence dès le lendemain, aussi bien profiter une dernière fois d’un vrai lit.
On s’installe dans notre chambre, heureux de retrouver un sommier après un mois de futon japonais.
Je fais la remarque qu’il n’y a pas de fenêtre. Parfait : j’adore les chambres bien sombres, on y dort mieux.
Avant d’éteindre la lumière, Julien examine la pancarte-porte. D’un côté, on peut lire : Do not disturb, the jetlag got to us.
« Est-ce que je le mets de ce côté-ci, Marie ? »
« Oh, ben oui, pourquoi pas ? De toute façon, j’ai mis un cadran pour 8h. »
***
« What the fuck… Ben non, ça s’peut pas… »
Je sursaute. La voix endormie d’un Julien paniqué me tire brutalement du sommeil. La chambre est plongée dans une noirceur totale.
« Marie, ma montre doit être dans le champ… Ça me dit qu’il est 11h50… »
« Du soir ?! »
Je fouille frénétiquement la table de chevet à la recherche de mon cellulaire. Mon cerveau en manque de caféine s’emballe direct vers le pire scénario possible : on a dormi 24h d’affilé.
« Ben non, Marie… Mais quand même, y’est presque midi. »
Je bondis hors du lit, jurant entre mes dents.
« Aweille, let’s go, faut partir LÀ LÀ. »
Je trouve tant bien que mal l’interrupteur, l’allume la lumière et je me jette sur mon sac afin de remballer le tout.
Ça se met à cogner à la porte.
Super.
Julien s’empresse d’aller ouvrir à l’employé de l’auberge, se confondant en excuses. Il lui promet qu’on aura quitté les lieux d’ici les cinq prochaines minutes.
« Mais voyons, j’comprends pas, j’avais mis un cadran pour 8h00 », m’obstinais-je à répéter en boucle, incrédule.
Je vérifie mon téléphone.
Je n’avais pas mis de cadran pour 8h.
***
5 minutes plus tard, on débarque dans le lobby, les cheveux en bataille et la mine plutôt honteuse.
On retrouve le pauvre employé, qui avait visiblement l’habitude de ce genre de situation.
— Aw, nah don’t worry about it. Happens all the time here! I reckon it’s ‘cause the rooms have no windows. Already checked you out. Cheers, guys.
Un grand sourire, un clin d’œil, et hop — l’aventure pouvait (enfin) commencer.
* L’Amérique pleure, les Cowboys fingants