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Lettre d’amour à Bangkok : à la défense de la capitale thaï

Bangkok pue.

Sans équivoque. Et encore plus lorsque qu’un orage s’abat sur la ville, l’enveloppant de chauds relents d’égouts.

Bangkok regorge d’un volume impressionnant de rats gourmands.

Vermines grouillant sans gêne sur le bitume, se fondant naturellement dans la masse de passants blasés.

Bangkok croûle sous l’humidité accablante.

Poisseuse et dégoulinante à tout moment de la journée.

Bangkok respire le chaos.

Avec son trafic incessant de tuktuks, motos, Mercedes et piétons, s’arrachant tous leur part de la route. La seule loi observée ici : celle de la jungle.

Bangok est smog.

Sa carapace de pollution bien sentie nous étouffe, pique les pauvres yeux aveuglés par un soleil peu clément.

Bangkok bourdonne.

Marchés mastodontes, tels des marées pêle-mêle, de dédales d’allées à peine plus larges que mes épaules.

Bangkok étourdi.

Un constant festival bariolé, parfums enivrants.

Les yeux papillonnent, ne savent plus où se poser : étalage de fruits frais, tous les poissons séchés du monde, wok dangereusement enflammés, vendeurs de bijoux vintage, foulards de soie, et tiens, voilà des aimants à frigo.

Bangkok se débrouille, constamment.

Parce que tout le monde devrait avoir la chance de voir en action les marchands rabattre à la hâte des bâches de plastique sur leur kiosque, prédisant la pluie torrentielle à la seconde près.

Bangkok séduit.

Comment ne pas tomber sous son charme décomplexé, lorsqu’on te sert avec le plus beau des sourires, un bol de tom yum bouillant ?

Ou encore un pad thaï, pad krapow, pad see ew, mango sticky rice, spring rolls et alouette.

Accompagnés encore et toujours de ce sourire, cette chaleur. La quantité faramineuse de piments que l’on trouve dans la nourriture thaïe est-elle responsable de leur attitude si chaleureuse ?

Oh oui, Bangkok rassasie.

Mais bien plus que l’estomac : l’envie de dépenser aussi.

En veux-tu, des centres d’achats ? En veux-tu, de bonnes aubaines ? En v’la, pis en v’la à la pelleté, quadrillant la ville en entier.

Bangkok aux allures d’insomniaque.

Parce qu’à 2h du matin, tu peux aussi bien passer chez le coiffeur, t’offrir un massage, ou boire une bière sur un trottoir encore animé.

Oscillant à la fois entre étrange et familière, bruyante et paisible, héritage et modernité, frénétique et posée, Bangkok est amour-haine.

Elle ne se laisse pas apprivoiser au premier regard. Pourtant, depuis le début, je suis conquise.

Plusieurs rechignent à la mention de la capitale de la Thaïlande. Et je peux comprendre : mes raisons de l’aimer seront les mêmes, pour d’autres, de la détester.

Je ne saurais expliquer le pur bonheur qui m’a envahie en remettant les pieds ici. Un sentiment de retour à la maison, presque.

Mon expérience avec la métropole est-elle teintée de la nostalgie qu’évoque mon tout premier voyage en solo à l’étranger ?

Peut-être bien. Probablement, même.

Mais au fond, est-ce si grave ?

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